Une Saint Valentin au parfum singulier
Une fête de l'amour qui célèbre cette année un savoir faire horticole ancestral
Des violettes pour la Saint Valentin ?
Dans un monde où 9 fleurs sur 10 sont importées de l'autre bout de la planète et où les variétés botoxées et calibrées sont privilégiées, Fleurs d'Ici vous propose de redécouvrir au fil des saisons les variétés oubliées qui ont fait les belles heures de l'horticulture française.
Ces variétés sont vertueuses à maints égards, sur un plan environnemental d'abord (elles divisent par 30 les émissions carbone d'un bouquet par rapport à des fleurs importées) et sur le plan social et historique en protégeant les savoir-faire français et les emplois de ceux qui les perpétuent.
Chaque année pour la Saint Valentin, Fleurs d'Ici s'engage à vous faire (re)découvrir des alternatives à la rose rouge d'importation.
Après le mimosa en 2020, nous proposons cette année de donner une nouvelle jeunesse à une fleur utilisée il y a encore 50 ans pour déclarer sa flamme : la violette.
La violette, belle oubliée
La violette est une fausse ingénue. Petite et délicate, la fleur symbole de modestie a une histoire aussi envoûtante que son parfum.
Aujourd'hui discrète, elle a pourtant vécu une vie de fastes, arborée par les élégantes les plus en vue du XIXème siècle et s'exportant dans les lieux courus de l'époque.
Pour la Saint Valentin 2021, Fleurs d'Ici vous fait (re)découvrir cette fleur au charme sans pareil.
Portrait de l’Impératrice Joséphine, Auguste Garneay - 1813
Violettes et paillettes
La violette est bien connue depuis l'Antiquité pour son puissant parfum mais aussi pour ses vertus médicinales, notamment pour les maladies respiratoires.
Au 18ème siècle, les violettes étaient utilisées dans les produits de beauté et parfum. Elles étaient portées en boutonnière, sur les chapeaux ou confectionnées en petit bouquet pour aider à mieux supporter l'odeur des grandes villes alors nauséabondes.
Au début du 19ème siècle, l'Impératrice Joséphine de Beauharnais faisait cultiver des violettes au sein de sa collection botanique du Château de Malmaison. On raconte que le jour de sa rencontre avec Napoléon Bonaparte, Joséphine lui aurait remis le bouquet de violettes qu'elle arborait à la ceinture. Dès lors, Napoléon en offrira un à l'Impératrice à chacun de leur anniversaire de mariage.
Du fait du temps clément de la Côte d'Azur, la reine Victoria passait beaucoup de vacances sur la French Riviera, souvent en hiver et au printemps, au moment de la floraison des violettes. Elle semblait particulièrement férue de cette dernière et dans son journal évoque plus d'une centaine de fois la discrète fleur chère à son cœur depuis sa jeunesse princière. Les fleurs étaient même cultivées par centaines au château de Windsor pendant son règne.
Avec l'appui de la reine, la violette se hissa au statut de fleur à la mode à l'international.
C'est aussi à cette période que l'utilisation de la violette dans la parfumerie atteint son apogée. Des centaines de tonnes de fleurs et feuilles de violettes sont utilisées dans le Sud-Est de la France dans la région de Grasse.
Reine Victoria, Franz Xavier Winterhalter - 1845
L'Impératrice Eugénie entourée de ses dames d'honneur, Franz Xavier Winterhalter - 1855
La fleur à l'entêtant parfum fut aussi prisée par la cour du Second Empire avec Napoléon III et l'Impératrice Eugénie. Lorsqu'ils furent forcés à l'exil, ils emportèrent leur passion pour la variété des "violettes de Parme" au Royaume-Uni.
Dans les années 1880, 6 millions de bottes de violettes étaient vendues chaque année à Paris et cet emblème de la “French Touch” s'exportait vers toutes les capitales européennes, de Londres à Saint Pétersbourg.
Une fleur, des producteurs
A cette époque, la fleur est cultivée en France dans 3 régions principales : le bassin parisien, Toulouse et la Côte d'Azur. Elles étaient vendues en plants, en fleurs coupées, en fleurs confites et bien sûr pour les différentes maisons de parfums qui l'utilisaient dans leurs formulations.
Elle faisait alors les riches heures de milliers de familles de producteurs.
La violette de Tourette-sur-Loup
A la fin du XIXème siècle, le village s'est spécialisé dans la production de la violette. Il y a eu jusqu’à 40 producteurs dans le village, aujourd'hui ils ne sont plus que 3.
Jérôme et Florence font partie de l'une des 3 familles à perpétuer la tradition avec amour et ce sont les délicates violettes de la variété Victoria, variété très odorante nous rappelant une certaine reine anglaise, que nous vous présentons pour célébrer votre amour cette année.
Découvrez les producteurs de Tourettes-sur-Loup dans ce reportage TF1
Pour en savoir plus sur le village et le type de culture qui y est pratiqué, rendez-vous ici.
Une histoire de famille
En préparation de cette Saint-Valentin, nous nous sommes rendus à Tourrettes-sur-Loup, à la rencontre de la famille qui produit les violettes de notre bouquet Luis Mariano.
Jérôme et Florence sont frères et soeurs. Ils ont repris l’exploitation de leurs parents qui s’étaient installés à Tourrettes-sur-Loup dans les années 70.
A l'époque, ils cultivaient des oeillets et avaient un petit carré de violettes qui poussaient à côté de leurs serres. Leur père, passionné d’horticulture et un brin innovant, a alors commencé à cultiver la violette Victoria.
Jérôme et Florence ont toujours baigné dans la violette, entre parade en chars pour la Fête de la Violette, marchés et cueillettes. Avec le même esprit entrepreneurial que leur père, ils ont décidé de diversifier les débouchés de leur production pour ne pas dépendre seulement des fleurs coupées et des commandes des grands industriels du parfum. Ils ont ainsi décidé de se lancer dans la confection artisanale de confiseries en cristallisant eux-mêmes les violettes.
Une culture de précision
La récolte des violettes demande un savoir faire particulier et un geste bien précis pour garder la tige. Elle a lieu du début de l'hiver à la fin du printemps.
Au printemps, pic de production, elles sont principalement récoltées pour être cristallisées. La technique de cueillette est différente puisque cette fois-ci le but est de ne récolter que la fleur en elle-même.
A la fin de la saison, entre mai et juillet, c’est la feuille qui est récoltée. Elle est envoyée directement à Grasse pour être transformée en « concrète » (première extraction des feuilles) puis en absolu (fragance obtenue à partir de la concrète) et rentre dans la composition de nombreux grands parfums.
Autrefois leurs parents cultivaient en lutte conventionelle, avec près de 40 traitements chimiques par an. Depuis Jérôme et Florence ont décidé de se tourner vers une production plus raisonnée. Leurs serres (non chauffées) et la culture suspendue permettent de supprimer le désherbage chimique ou manuel.