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La pivoine, symbole de la renaissance de l’horticulture française

La Pivoine

Marchande de pivoines

Au faubourg Saint-Antoine,

Chausse tes gros sabots,

Couleur d’orange et de pivoine,

Et viens sur mon bateau,

Pivoine, pivoine,

Pêcher dans l’eau

Joyeux matelots. 

extrait du recueil de poèmes “Chantefleurs” de Robert Desnos 

Ainsi parlait Robert Desnos de la pivoine dans son recueil de poèmes “Chantefleur”. Comme lui, comme vous, nous retombons chaque année sous le charme de cette fleur plurielle aux 1001 personnalités. Nous la savons éphémère et pourtant, chaque printemps elle nous ensorcelle de ses parfums envoûtants et de ses robes chamarrées.

Fleur de légende, elle est à l’origine depuis des siècles d’une affection durable et incurable que nous sommes cependant ravis de porter : la pivoinomanie.
Les symptômes ? Elle nous inspire une folle passion et un irrépressible besoin de la connaître, de la sentir et la ressentir, de l’admirer au jardin ou en bouquet.

Fleur de toutes les convoitises, elle devenue la vedette de la Fête des Mères en séduisant le monde et a ainsi permis à l’horticulture française de reprendre des couleurs depuis quelques années et est devenue un emblème de son savoir-faire et de son excellence.

Fidèles à notre mission d’ambassadeur de la filière horticole, c’est une évidence, la pivoine issue de fermes florales françaises, est cette année encore la star des bouquets Fleurs d’Ici de la Fête des Mères. Elle s’inscrit dans deux modèles en édition limitée qui s’adressent à tous les budgets, pour combler vos mamans tout en soutenant le Made In France : Galopin et Joséphine.

Nos bouquets de la Fête des Mères

La pivoine, une fleur plurielle

En botanique, le genre des pivoines est rattaché à la famille des Paeoniaceae et rassemble une quarantaine d’espèces que l’on peut classer en trois grandes catégories :

- Les pivoines herbacées : ce sont des plantes vivaces compactes qui poussent à même le sol et dont floraison s’étale de la fin mars à la mi-mai.

- Les pivoines arbustives : elles sont plus robustes et croissent année après année autour d’un tronc formant un petit arbuste. Leurs tiges sont plus rigides que leurs cousines herbacées et leur floraison est légèrement plus tardive.

- Les pivoines Itoh : ces pivoines sont le résultat des travaux d’hybridation menés au Japon par le pépiniériste Toichi Itoh. Après des milliers de tentatives de croisement entre des pivoines arbustives et herbacées, ses recherches sont finalement couronnées de succès en 1948. Les pivoines Itoh sont notamment réputées pour la durée de leur floraison et leur longévité exceptionnelle.

Plante robuste, la pivoine apprécie un fort ensoleillement en été et un hiver rude. Certaines variétés résistent ainsi à des températures pouvant aller jusqu'à -20°C ! Leur floraison est généralement très courte, allant de quelques jours seulement à 3 semaines. On distingue ainsi les pivoines précoces, intermédiaires et tardives.

La coqueluche des Français (et des autres !)

Adorée de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, la pivoine tombe peu à peu en désuétude suite aux deux Guerres Mondiales. À cette époque, qui coïncide avec la montée en puissance de l’industrie horticole, on lui préfère des espèces moins “bucoliques” et d’apparence plus sophistiquée comme la rose importée.


Mais depuis plusieurs années, la pivoine déchaîne de nouveau les passions ! Portée par un retour à l'authenticité et au naturel, elle a désormais le vent en poupe dans le monde entier.

Autrefois produite essentiellement dans le bassin parisien, la culture de la pivoine s’est étendue depuis une trentaine d’années au reste du territoire hexagonal, et en particulier dans la région du Var. Plus robuste, moins gourmande en eau et en énergies, ne souffrant pas d’une production étrangère concurrentielle, la pivoine a peu à peu supplanté la rose dans les champs des fermes florales françaises.

Parallèlement, sa production s’est imposée comme un savoir-faire d’exception français : chaque année, elle fait l’objet de convoitise de la part des pays du Moyen-Orient, de l’Europe du Nord, de Chine, de Russie ou encore des Etats-Unis ; ce sont ainsi 60% des pivoines cultivées dans le Var qui partent à l’export chaque année, ce qui représente en moyenne 12 millions de tiges, première source du chiffre d'affaires du marché de Hyères.

La pivoine booste l’horticulture française

300 nouvelles fermes florales ont vu le jour depuis 2018, alors que le nombre d’horticulteurs français avait été divisé par 10 entre 1972 et 2017.

L’intérêt suscité par la pivoine figure parmi les moteurs de cette dynamique puisque la forte demande a stimulé le développement de l’offre en France. Ainsi, outre la progression de sa culture dans les exploitations historiques, elle s’inscrit également aujourd’hui dans la production de nombreuses plus petites exploitations sur tout le territoire, notamment dans les fermes florales nouvellement installées et en alternance de production chez certains agriculteurs, céréaliers notamment, ayant fait le pari de la diversification de leurs productions.


Produite et distribuée en France, la pivoine fait désormais figure de modèle d’une consommation responsable de la fleur. Chez Fleurs d’Ici, elle est évidemment issue de fermes florales françaises, distribuée en circuit court, et est la star de nos bouquets de la Fête des Mères.

Joséphine et Galopin, deux bouquets événement pour la Fête des Mères

En complément de sa gamme de bouquets habituelle, Fleurs d’Ici célèbre cette vedette du printemps dans les deux bouquets imaginés spécialement pour la fête des mères :

- Le Galopin, un petit format adorable et abordable, qui tient même dans les petites menottes (15 euros).

- Le Joséphine, un bouquet XXL en hommage à Joséphine Baker, femme de scène et résistante mais aussi mère exceptionnelle qui adopta 12 enfants originaires du monde entier qui constituèrent sa “tribu arc-en-ciel”. Splendide et généreux, le Joséphine incarne la pétulance de la meneuse de revue (120 euros).

Offrir Joséphine ou Galopin

Pivoine Sarah Bernhardt : et Lemoine créa la Fleur

Une autre femme de scène est entrée dans la légende pour son talent, qui inspira à Victor Lemoine, maître de l’hybridation horticole, la volonté de donner son nom à l’une de ses créations : Sarah Bernhardt. Cette pivoine hybride, au pompon dense en double ou semi-double, au rose parfait et au feuillage généreux d’un vert franc, est d’une singulière beauté, tout comme celle dont elle porte le nom.

La “Divine” tragédienne, ou “monstre sacré” comme la définissait Jean Cocteau, fait l’objet d’une exposition au Petit Palais de Paris jusqu’au 27 août 2023. Un événement à ne pas manquer !

Conservatoire de la Pivoine: entretien avec sa créatrice, Bénédicte de Foucaud

Dans la Sarthe, à une trentaines de kilomètres au nord-ouest du Mans (où est basée la moitié de l’équipe Fleurs d’Ici !) , se trouve un jardin merveilleux dédié à la pivoine. Bénédicte de Foucaud, propriétaire du Château de Sourches, y a installé il y a quelques années, dans les douves asséchées, un éden où poussent plus de 3000 variétés de paeonias. Entretien avec cette pivoinomane passionnée.

Comment vous est venue l’idée de créer le Conservatoire de la Pivoine ?

Au départ, ma motivation était tout à fait personnelle puisque je voulais créer un jardin de pivoines pour pouvoir créer des bouquets pour l’anniversaire de ma fille qui tombe fin mai, en même temps que la floraison. J’ai toujours adoré les pivoines mais j’ai vraiment attrapé le virus à ce moment-là. C’était en 2003 et je n’ai ouvert le Conservatoire qu’en 2015. En 2012, un ami chinois est venu au château. Il a visité le jardin en silence puis, quand il en a eu terminé le tour, il s’est tourné vers moi et m’a dit : “Tu es une égoïste ! Tu as tout ça et tu le gardes pour toi. Les gens seraient heureux de visiter un endroit pareil”. À partir de ce moment-là j’ai décidé de préparer le jardin pour l’ouvrir au public, ce que j’ai fait trois ans plus tard.

Vous cultivez plus de 3000 variétés au Conservatoire. Avez-vous une formation d’horticultrice ?

Absolument pas : je suis juriste ! Mais pour constituer une telle collection il faut de la rigueur et le droit c’est aussi de la rigueur. Je suis autodidacte en horticulture. Je vais à la rencontre d’autres passionnés dans le monde entier pour découvrir leurs manières de procéder et dénicher des variétés rares. C’est très enrichissant. En Allemagne et aux USA par exemple, on travaille les pivoines de manière différente à la pratique française.

Le Conservatoire est installé dans les douves du Château de Sourches. Pourquoi avoir choisi cet endroit particulier ?

C’est un pur concours de circonstances. J’ai commencé à planter mon jardin dans le parc du château, une invasion de sangliers en a décidé autrement. Je me suis replié dans le potager mais il a été inondé. Finalement j’ai installé mes plants dans les douves médiévales asséchées. Les pivoines s’y sont épanouies et je disposais de pas mal d’espace, alors j’ai poursuivi les plantations dans cet endroit insolite.


Plus que toute autre fleur, vous avez choisi la pivoine comme unique fleur de votre Conservatoire. Pour quelle raison ?

Pour moi, la pivoine est la plus belle et la plus spectaculaire des fleurs, et beaucoup partagent cet avis. J’aime toutes les fleurs, et j'en cultive d’autres variétés aussi ailleurs, mais pour moi, la pivoine les surpasse toutes. Elle est la parfaite représentation de ce que le travail combiné de l’homme et de la nature peut réaliser de meilleur. Pour chaque variété, pour chaque fleur même, on dirait qu’un architecte en a dessiné les pétales. Les feuilles elles-mêmes sont étonnantes puisqu’elles ont des formes et des teintes très diverses allant de l’érable pourpre au vert aneth.

Vous avez 3021 variétés. Est-ce qu’il vous en manque encore ?

En réalité j’en ai plus que ça. 3021 c’est la dernière variété consignée mais d’autres sont en vérification variétale. La pivoine est une fleur qui ne mute pas, aussi je dois étudier tous les plans non catalogués durant leur floraison pour vérifier qu’ils ne correspondent pas déjà une variété dont je dispose déjà et avoir la certitude que les fleurs sont bien celles attendues. Si elles correspondent bien, je l’intègre à la collection.

Est-ce que vous créez vous-même de nouvelles variétés ?

Non je ne crée pas, je ne sais pas faire cela et ce que j’aime c’est conserver celles existantes ce qui est déjà un travail de longue haleine. Je laisse les personnes plus expertes créer de nouvelles variétés et attendre les 12 à 15 années nécessaires pour pouvoir déposer leur création. En revanche j’ai une pivoine à mon nom, elle est à l’entrée du conservatoire. C’est un ami horticulteur qui a croisé deux variétés, un peu par hasard, et a donné mon nom à cette nouvelle pivoine.

Si vous partiez sur une île déserte, laquelle emporteriez-vous ?

Sans hésiter la Red Charm pour son architecture unique et sa couleur incroyable.
Si on parlait de parfum j’opterais pour La Perle qui sent divinement bon et qui, de mon point de vue, est la reine de toutes les fleurs, roses comprises.
J’ai aussi une fascination particulière pour les pivoines japonaises, notamment les Saygio Sakura qui font jusqu’à 32 cm de diamètre. Elles sont toutes simplement sublimes.

Red Charm

La Perle

Saygio Sakura



Vous qui connaissez tout des pivoines, avez-vous une anecdote à nous partager ?

Je pense à l’histoire de Toïchi Itoh qui a créé la première variété intersectionnelle, une hybride entre une pivoine herbacée et un arbustive. Ce qu’il a réalisé est une véritable prouesse botanique. Il a consacré sa vie à son œuvre mais, mais comble de malchance, il est mort avant de pouvoir l’admirer puisque sa pivoine n’a fleuri qu’après sa mort. Il y a quelque chose d’à la fois dramatique et romantique dans cette histoire qui se prête parfaitement à la pivoine.


La floraison de la pivoine intervient en même temps que la Fête des Mères en France et elle en est devenue la fleur star dans le monde. Qu’est-ce que cela vous évoque?

C’est un juste retour des choses car la pivoine mérite amplement ce succès. C’est vrai qu’en 2003, j’avais des difficultés à en trouver alors que depuis 10 ans elle est partout. Elle n’a pas complètement éclipsé la rose car sa floraison est plus éphémère. En revanche la pivoine est beaucoup plus résiliente et nettement moins exigeante, notamment en traitement. À bien des égards la pivoine ressemble à une mère : plurielle, belle, adaptable, donnant tout ce qu’elle a de meilleure, et c’est une fleur prolifique avec un arbre généalogique immense. Ce n’est que justice que de lui avoir donné sa place de star de la Fête des Mères.

Quels sont vos projets pour la Conservatoire de la Pivoine ?

D’abord je dois poursuivre mon travail de référencement mais cette tâche est sans fin, un autre que moi en héritera. En parallèle je continue d’écrire mes livres dédiés à la pivoine dont le quatrième tome “Toïchi Itoh et le troisième genre” est sorti en 2022. Avec des artistes aquarellistes, je travaille également à la création d’un recueil d’aquarelles des pivoines du Conservatoire, une sorte de catalogue à la Pierre-Joseph Redouté, dédié à la pivoine. Chaque année, ils viennent travailler au jardin, chacun à la création d’un modèle spécifique. C’est un exercice très difficile de traiter une pivoine à l’aquarelle, surtout les grandes fleurs. Et comme nous avons plus de 3000 variétés, ce travail aussi est infini. J’aspire surtout à ce que les pivoinomanes du monde entier puissent venir un jour profiter de la floraison au Conservatoire de la Pivoine.